L’homme et l’animal ont toujours entretenu une relation étroite
Longtemps cantonné à son rôle « d’outil » de travail ou nourricier, l’animal a peu-à-peu acquis une place privilégiée en intégrant nos foyers comme animal de compagnie.
Aux côtés du chien guide d’aveugle, du singe capucin véritable « aide animalière » aux personnes handicapées moteur ou des poissons d’aquarium dans les salles d’attente, toutes sortes d’animaux sont aujourd’hui impliqués dans bon nombre de programmes thérapeutiques.
Cette implication de l’animal à visée thérapeutique n’est pas récente.
Déjà au IXè siècle, un hôpital belge confiait la garde d’oiseaux à certains malades convalescents afin de les aider à reprendre confiance en eux.
Depuis, l’on trouve plusieurs exemples de médiation par l’animal en milieu essentiellement psychiatrique.
Oiseaux, chats, chiens, chevaux ou dauphins… ont un rôle thérapeutique complémentaire du psychiatre ou du psychologue. Leur présence sécurise les séances en apportant fantaisie et renouveau.
Mais pas seulement.
Des effets mesurables
Dénué de tout jugement l’animal agit comme un véritable tranquillisant dont les effets sont mesurables : dépassement de soi, diminution du stress, ralentissement du rythme cardiaque et baisse de l’agressivité.
La médiation animale se destine à des publics d’âge différent. Les très jeunes enfants comme les personnes âgées en retirent des effets bénéfiques, par le biais de la communication non verbale. Quelle soit tactile, gestuelle ou olfactive, cette communication permet de débloquer l’expression orale et de découvrir de nouvelles sensations.
Cette médiation thérapeutique est transposable à un large éventail de patients : handicapé physique ou psychique, autiste, trisomique… mais s’adresse également à des jeunes en difficulté scolaire, à des personnes âgées ou à des personnes dont le lien social est à reconstruire.
En 2016, 96% de Français étaient convaincus des bienfaits de la présence animale dans l’accompagnement d’une thérapie. Le rôle de l’animal dans ces situations-là est de permettre un meilleur contact entre le thérapeute et le patient. Le thérapeute apparaîtrait moins « menaçant » et faciliterait l’échange.
Aux Etats-Unis, dans le New Jersey, une école accueillant des enfants autistes travaille avec un chien dressé à détecter leur niveau d’angoisse. Un simple regard et une truffe pointée vers l’enfant stressé permet à l’éducateur de prendre le relais auprès de l’enfant et ainsi échanger avec ce dernier et faire baisser le nombre et l’intensité des crises liées au stress.
En Israël, les dauphins sont au cœur d’un programme de thérapie destiné à des patients souffrant d’autisme ou de stress post-traumatique.
A cheval, le patient doit se concentrer pour trouver son équilibre et ainsi améliorer sa posture. Il doit également, en fin de séance, ranger le matériel et prendre soin de l’animal et ainsi se responsabiliser.
En EHPAD, l’accueil d’un résident et de son animal de compagnie a de réels effets positifs sur la personne âgée et son moral. Un chien par exemple, dissipe l’ennui et oblige le résident à s’en occuper en le promenant notamment.
Certains centres pénitentiaires font également appel au chien en vue d’aider les détenus à conserver un minimum de sociabilité dont la finalité est de favoriser leur réinsertion à leur sortie de prison.
Dans un registre un peu plus anecdotique (quoique…), le département américain des transports autorise depuis plus d’un an les animaux de « soutien émotionnel » à voyager en cabine et gratuitement avec leurs maîtres.
Ces animaux, s’ils disposent d’un certificat délivré par un médecin spécialiste de la santé mentale, peuvent monter à bord au même titre que les autres passagers. Et ces animaux, sont de plus en plus nombreux à s’envoler aux côtés de leurs propriétaires afin de les aider à surmonter leurs crises d’anxiété.
De même au Japon, où le concept de « bar à chats » a vu le jour en 2005, initialement pour contourner l’interdiction faite aux Japonais de posséder un animal domestique dans leurs appartements. Ces lieux dans lesquels il est possible de consommer une boisson dans un environnement peuplé de chats, diminueraient le niveau de stress des citadins.
Et sinon, que diriez-vous d’une petite séance de ronron-thérapie ?
Emmanuelle Cocault